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La grille de lecture S2D des activités municipales

Objectif

Aider les décideurs locaux à dresser un bilan sur ce que leur ville ou territorialité réalise déjà en matière de développement durable et santé et identifier par la même occasion les thématiques qui pourraient être encore investies ou complétées.

Il s’agit d’un outil d’analyse qui permet l’émergence de recommandations pratiques qui serviront notamment à promouvoir une politique de promotion de la santé inclusive, prenant en compte les déterminants de la santé et les enjeux convergeant en matière de santé et de durabilité.

Démarche

S2D a travaillé sur la construction de cette grille en 2018-19 et une première version a été présentée à un atelier dédié lors de la 23ème Conférence mondiale de l’UIPES sur la promotion de la santé, qui s’est tenue à Rotorua (Nouvelle-Zélande), en avril 2019. Une version améliorée a ensuite été testée dans quelques villes francophones, notamment en Ville de Lausanne en 2020-21.

Mode de construction

La première étape pour la constitution de la grille S2D fut de sélectionner parmi les 169 cibles des 17 ODD celles satisfaisant aux deux conditions suivantes :
-    concerner des actions qui peuvent relever de compétences municipales et qui sont ainsi des cibles pertinentes pour le niveau local,
-    avoir un lien évident avec des déterminants de la santé.

Tableau 4.2.1.1 :    Sélection des cibles ODD selon leur compatibilité avec le champ d’action d’une Ville-Santé



Légende



Par exemple, l’ODD-1, « Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde », comporte une cible 1.b (cf. Nations Unies, 2015) :
« Mettre en place aux niveaux national, régional et international des cadres d’action viables, qui se fondent sur des stratégies de développement favorables aux pauvres et soucieuses de la problématique hommes-femmes, afin d’accélérer l’investissement dans des mesures d’élimination de la pauvreté ».
Cette cible ne concerne manifestement pas le niveau local car l’action se situe au-delà de la compétence municipale ; elle ne fera donc pas partie des cibles sélectionnées (catégorie en blanc dans le tableau 4.2.1.1).

L’ODD-2, « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable », comporte une cible 2.b :
 « Corriger et prévenir les restrictions et distorsions entravant le fonctionnement des marchés agricoles mondiaux, y compris par l’élimination parallèle de toutes les formes de subventions aux exportations agricoles et de toutes les mesures à l’exportation ayant un effet équivalent, conformément au mandat du Cycle de négociations de Doha pour le développement ».
Les liens de cette cible avec les déterminants de la santé ne sont pas évidents ; elle ne fera donc non plus partie des cibles sélectionnées (comme la catégorie précédente, en blanc dans le tableau 4.2.1.1).

En revanche, la cible 2.1 :
« D’ici à 2030, éliminer la faim et faire en sorte que chacun, en particulier les pauvres et les personnes en situation vulnérable, y compris les nourrissons, ait accès toute l’année à une alimentation saine, nutritive et suffisante »,
a un lien évident avec les déterminants de la santé (alimentation saine et équilibrée en suffisance) et peut concerner des actions au niveau local. Elle sera donc retenue pour faire partie des cibles sélectionnées (catégorie en violet dans le tableau 4.2.1.1).

Si l’on regarde la cible 2.2 :
« D’ici à 2030, mettre fin à toutes les formes de malnutrition, y compris en atteignant d’ici à 2025 les objectifs arrêtés à l’échelle internationale relatifs aux retards de croissance et à l’émaciation chez les enfants de moins de 5 ans, et répondre aux besoins nutritionnels des adolescentes, des femmes enceintes ou allaitantes et des personnes âgées »,
elle satisfait aussi aux deux conditions énoncées précédemment mais, en plus, elle peut être sélectionnée de plusieurs points de vue : adolescentes, femme enceintes ou allaitantes, personnes âgées (catégorie en rouge dans le tableau 4.2.1.1).

La cible 2.5 :
« D’ici à 2020, préserver la diversité génétique des semences, des cultures et des animaux d’élevage ou domestiqués et des espèces sauvages apparentées, y compris au moyen de banques de semences et de plantes bien gérées et diversifiées aux niveaux national, régional et international, et favoriser l’accès aux avantages que présente l’utilisation des ressources génétiques et du savoir traditionnel associé ainsi que le partage juste et équitable de ces avantages, comme convenu à l’échelle internationale »,
y satisfait également, mais à condition de réduire sa formulation en la débarrassant des considérations qui concernent les niveaux supérieurs au niveau municipal, telles que « banques de semences et plantes », « échelle internationale », … (catégorie en vert dans le tableau 4.2.1.1).

Enfin, une cible comme la cible 1.4 :
« D’ici à 2030, faire en sorte que tous les hommes et les femmes, en particulier les pauvres et les personnes vulnérables, aient les mêmes droits aux ressources économiques et qu’ils aient accès aux services de base, à la propriété foncière, au contrôle des terres et à d’autres formes de propriété, à l’héritage, aux ressources naturelles et à des nouvelles technologies et des services financiers adaptés à leurs besoins, y compris la microfinance »
peut être sélectionnée, à condition de ne retenir qu’une partie de cette longue formulation, en l’occurrence l’accès aux services de base et aux ressources naturelles pour des publics particuliers : femmes, personnes vulnérables (catégorie en jaune dans le tableau 4.2.1.1).

Ce processus a permis de retenir in fine 92 des 169 cibles des 17 ODD, soit environ 54%, et d’écarter les cibles qui ne présentaient pas un lien évident avec les déterminants de la santé et/ou n’étaient pas pertinentes pour l’échelon local (cf. tableau 4.2.1.1 et Figure 4.2.1.1).

Figure 4.2.1.1 : Répartition des cibles ODD sélectionnées ou non

 

Comme nous pouvons le constater dans les exemples donnés plus haut, la formulation des cibles ODD est encore trop générale et apparaît souvent peu adaptée pour que les thématiques évoquées se rapportent à des actions concrètes. A cette fin, ces thématiques ont été comparées à celles qui avaient été définies par la grille « Agora 21 », élaborée en 1998 à l’École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne, en vue de l’analyse des Agenda 21 locaux européens. Cette comparaison a enclenché un processus de reformulation des thématiques, parfois en associant plusieurs cibles ODD ou de parties de ces cibles.

 

Enfin, au bout d’un long processus itératif, les thématiques ainsi reformulées des cibles retenues ont été regroupées selon les catégories suivantes :

  1. une catégorie pour le pôle « environnement » du développement durable,
  2. une catégorie pour le pôle « économique » du développement durable, que nous avons intitulé « production et économie »,
  3. une catégorie pour le pôle « social » du développement durable, que nous avons intitulé « cohésion sociale et équité »,
  4. une catégorie spécifique à la « prévention et promotion de la santé individuelle »,
  5. une catégorie regroupant différents aspects typiques de la vie d’une ville sous le nom générique de « gouvernance urbaine »,
  6. une catégorie « aide au développement et coopération internationale » qui concerne toutes les activités de coopération entre villes de différents pays (p. ex. des jumelages ou des collaborations spécifiques, souvent Nord-Sud).

 

Par ailleurs, après un essai fait par S2D sur une analyse préalable des documents officiels de la Ville de Charleroi (Belgique), deux thématiques qui ne sont pas citées par les cibles ODD, mais qui paraissent, de manière évidente, importantes pour dresser un bilan représentatif des activités santé et développement durable d’une ville ont été ajoutées :

  1. celle de l’environnement sonore (RNODD-1). N’oublions pas que le bruit correspond à une des deux principales nuisances en milieu urbain et constitue un des facteurs importants de perte de qualité de vie ;
  2. celle qui permet de rendre compte des projets locaux significatifs en matière de cohésion sociale (RNODD-2), au-delà du seul aspect « accès » (et le plus souvent menés par des associations subventionnées par la ville).

 

De manière complémentaire aux thématiques, 10 publics-cibles particuliers, considérés le plus souvent comme vulnérables, ont également été identifiés :

  1. genre (femmes, filles),
  2. personnes en situation de vulnérabilité (y compris migrants),
  3. personnes pauvres,
  4. personnes handicapées,
  5. maternité,
  6. petite enfance,
  7. enfants,
  8. adolescents,
  9. jeunes,
  10. personnes âgées.

 

La grille d’analyse S2D est issue de ce processus et, au départ, se présentait sous la forme d’un tableau à double entrée (matrice) : en horizontal (lignes), les thématiques retenues classées sous les 6 catégories susmentionnées et en vertical (colonnes) les 10 publics particuliers identifiés plus haut. Toutefois, cette forme s’est avérée très peu commode, vu ses dimensions et la quantité d’informations contenues. Après plusieurs essais, à Lausanne et ailleurs, une présentation séquentielle a été privilégiée : Il s’agit d’abord d’analyser les activités de la ville selon les 6 catégories thématiques (cf. tableau 4.2.1.2), et si des activités sont identifiées dans ces thématiques Rx, alors de se poser la question de la pertinence de les associer à des publics-particuliers et des cibles qui s’y réfèrent (cf. tableau 4.2.1.3).

Tableau 4.2.1.2 :    Grille S2D, 1er temps, lecture verticale

Tableau 4.2.1.3 :    Grille S2D, 2ème temps, lecture horizontale


Lors de l’analyse de la politique d’une Municipalité par la grille S2D, il faudra aussi définir la portée des mesures identifiées. Pour ce faire, la classification de la grille Agora 21 a été reprise :
A.    Gestion intégrée, globale (politique d’ensemble de la Municipalité).
B.    Approche fractionnée (politique sectorielle disposant d’un cadre défini).
C.    Actions ponctuelles et sectorielles.
D.    Déclaration d’intention.
E.    Non traitée.

De plus, il est utile de distinguer s’il s’agit d’une mesure qui s’adresse à la population ou seulement aux employés communaux (ou à un groupe spécifique d’employés de la ville) : dans ce dernier cas, la ville agit comme employeur et la catégorie correspondante est alors signalée par une apostrophe (par exemple B’ ou C’).

 

 

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